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Atanaka Paysage, services et entretien des espaces verts

Les pionniers de la culture permanente

Bill Mollison
Bill Mollison

(1928-2016) Scientifique australien. Prix Nobel alternatif et cofondateur de la permaculture avec David Holmgren.

David Holmgren

né en 1955, Concepteur écologiste et essayiste australien. Cofondateur de la permaculture avec Bill Mollison.

Ruth Stout
Ruth Stout

(1884 -1980) née au Kansas à Redding est une auteure américaine, connue pour ses livres et techniques de jardinage sans travail.

Robert Hart
Robert Adrian de Jauralde Hart

(1913 – 2000) né à Londres, Pionnier des jardins-forêts en climat tempéré. Il créa un jardin-forêt modèle de 5 000 m2 sur sa ferme.

Martin Crawford spécialiste des forêt jardin
Martin Crawford

né le 17 avril 1961, est un agriculteur biologique et pédagogue britannique, auteur d’ouvrages sur les forêts-jardins

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Les incas des jardiniers et du génie

les Incas étaient des cultivateurs de génie, bien avant même que l’agronomie ne soit inventée.

Malgré un milieu loin d’être favorable à la pratique agricole, un sol pauvre, des ressources en eau extrêmement limitée, une topographie vertigineuse, des conditions climatiques très contrastées, telles étaient les conditions de vie des Incas au XVIIIème siècle. Dans un tel contexte, difficile d’imaginer pouvoir cultiver quoique ce soit. Et c’est précisément, ces conditions extrêmes qui ont poussé les Incas à développer un savoir inouï en matière de culture, basé sur une grande ingéniosité, une observation fine de la nature et sur le développement d’une véritable science de l’agriculture.

Certains de ces savoirs ont perduré, d’autres réapparaissent au gré des fouilles menées sur leur territoire mais il y a fort à parier que beaucoup sont désormais perdus à jamais.

La permaculture d’avant-l’heure

Les conditions andines ont forcé les Incas à composer avec leur environnement pour pouvoir se sédentariser et vivre de leur agriculture. La première contrainte était bien entendu de devoir cultiver un milieu très accidenté où le sol fertile ne pouvait se constituer car il était sans cesse soumis aux glissements de terrain et autres éboulements. Les Incas ont alors imaginé un système de culture en terrasses (les Andenes) créant ainsi des surfaces planes étagées sur les flancs de montagne que l’on peut encore admirer de nos jours. Le principe est simple, des murs en pierre de 2 à 3 mètres sont érigés en ceinture de montagne et l’espace est comblé avec de la terre.

Gestion de l’eau

Quel jardinier moderne ne s’est pas posé la question de la gestion de l’eau dans son potager et plus largement dans son jardin. Nous sommes de plus en plus nombreux à nous équiper de réserves d’eau de pluie et c’est très bien, mais nous sommes loin d’avoir inventé ce concept. Encore une fois, les Incas ont fait preuve d’une ingéniosité à toute épreuve en matière de gestion de l’eau dans un milieu aussi hostile où l’eau, rare, est pourtant indispensable pour cultiver de quoi se nourrir. C’est dans ce contexte qu’ils ont imaginé un système complexe de réseaux d’aqueducs et de canaux à étages parcourant des dizaines de kilomètres afin d’irriguer leurs cultures.

On découvre encore aujourd’hui ces systèmes complexes d’irrigation.

Association des cultures

On le sait bien maintenant, les Incas étaient les rois de l’association des cultures afin de tirer bénéfices des interactions mutuelles qu’ont les plantes et d’optimiser l’espace au potager. Ce concept a été largement popularisé par les fameuses « 3 sœurs » : le maïs, les haricots et les courges. Cet exemple illustre très bien l’optimum que l’on peut obtenir d’une association de culture : les plants de maïs servent de tuteurs aux haricots grimpants qui fertilisent le sol grâce à leurs nodosités caractéristiques des légumineuses, capables de fixer l’azote, fertilisation très bénéfique notamment pour les courges poussant au pied et dont l’imposant feuillage permet de réguler la température et l’humidité du sol. Chaque plante dans ce « micro-écosystème » bénéficie donc de la présence de ses voisines en apportant elle-même ses bienfaits.

Mais, haricots et courges se cotoient et s’aident mutuellement, ce sont les fameuses trois soeurs (crédit photo : Isabelle Fragniere)

Combien d’autres exemples de ce type jalonnent la route des cultivateurs Incas ? Encore un secret que j’aurais souhaité qu’ils m’enseignent !

Acclimatation

Non seulement les Incas étaient doués pour cultiver et maintenir leurs variétés ancestrales, mais on suppose également qu’ils expérimentaient énormément. N’oublions pas qu’un grand nombre des légumes que nous connaissons actuellement sont un jour passé par leurs mains expertes : piments, courges, haricots, maïs, pomme de terre, physalis, tomates afin de sélectionner des variétés sans maladies et adaptées  ! Et pour en arriver là, on pense que les Incas ont utilisé les andenes pour pouvoir jouer sur les conditions de culture et parvenir à acclimater et sélectionner les plantes cultivables. En effet, des études récentes ont montré que chaque étage était caractérisé par des conditions climatiques propres : température et hygrométrie notamment variaient selon la position des andenes sur le flanc de la montagne.

On pense même que par endroit, où les variations climatiques sont phénoménales entre le jour et la nuit, les Incas ont imaginé un système de culture sur ilots entourés d’eau. Durant la journée, l’eau évaporée venait se condenser sur les tiges et les feuilles et toutes les parties aériennes des plantes. Puis à la nuit tombée, lorsque les températures chutaient en dessous de zéro, cette pellicule d’eau venait à geler constituant ainsi une enveloppe de glace protégeant les tissus de la plante des dégâts du gel. A la manière d’un igloo en quelque sorte.

Combien d’espèces les Incas avaient-ils réussi à acclimater mais ne sont pas parvenues jusqu’à nous ? Comment s’y prenaient-ils exactement ? La liste de leurs secrets s’allonge et peut-être ne seront-ils jamais révélés.

Conservation des aliments

Enfin, malgré tous leurs efforts pour parvenir à cultiver de quoi se nourrir malgré les conditions extrêmes auxquelles ils faisaient face, il arrivait que des évènements climatiques viennent perturber certaines années de culture, diminuant les rendements. Les Incas ont donc beaucoup travaillé sur la conservation des aliments les années d’opulence afin d’en constituer des réserves. Ils ont par exemple, développé un processus de conservation des pommes de terre surprenant. Naturellement toxiques du fait de la présence en grande quantité de solanine, les Incas ont observé que les pommes de terre devenaient comestibles après une alternance de lessivages, séchages au soleil et congélation dans la glace des tubercules. Cette méthode de détoxification et conservation des pommes de terre est d’ailleurs toujours pratiquée par les peuples Quechua actuels.

D’une manière plus générale, les Incas ont mis au point des techniques de séchage des aliments perfectionnées permettant de conserver longtemps leurs aliments.